
“Ce n’est qu’un bol de céréales au petit-déjeuner… rien de bien méchant, non ?”
C’est exactement ce que pensait Virginie, en démarrant un suivi nutritionnel pour prendre soin de sa ligne. Pourtant, comme beaucoup d’entre nous, elle s’est laissé séduire par des produits “light”, enrichis en vitamines, ou présentés comme “sains”. Soupes toutes prêtes, salades industrielles, céréales soufflées, autant d’aliments qui, derrière un marketing bien ficelé, cachent une réalité nutritionnelle préoccupante.
Au fil de mes consultations, j’ai remarqué que ces produits, très présents dans notre quotidien, sont souvent mal compris. Et pourtant, ils pourraient bien jouer un rôle central dans l’augmentation du surpoids, de l’obésité et des maladies métaboliques.
Que sont les aliments ultra-transformés (AUT) ?
Les aliments ultra-transformés sont des produits industriels élaborés à partir d’ingrédients modifiés. Ils contiennent souvent de nombreux additifs, tels que des colorants, des arômes, des édulcorants, des émulsifiants ou des conservateurs, destinés à améliorer leur goût, leur texture ou leur durée de conservation. On les retrouve fréquemment dans les plats préparés, les biscuits, les céréales industrielles ou les boissons sucrées.
Sur le plan nutritionnel, ces produits sont généralement pauvres en fibres, en micronutriments et en protéines de qualité. Ils ne contiennent que très peu, voire aucune, des substances bénéfiques que l’on retrouve dans les aliments bruts ou peu transformés. Leur composition est souvent déséquilibrée : riches en sucres ajoutés, en graisses saturées ou trans, en sel, et en calories dites « vides », ils peuvent facilement perturber l’équilibre alimentaire et nuire à la santé à long terme.
Pourquoi l’industrie agroalimentaire les produit-elle ?
À l’origine, l’objectif était de simplifier la vie des consommateurs. Mais très vite, les industriels ont compris qu’ils pouvaient réduire les coûts en utilisant des ingrédients issus du cracking (fractionnement des aliments), auxquels ils ajoutaient des additifs pour améliorer le goût et prolonger la conservation, tout en élaborant des produits au fort pouvoir addictif. Ces aliments répondent également à une demande croissante de praticité, ils sont faciles à stocker, rapides à consommer, et souvent prêts à l’emploi. Par ailleurs, l’ultra-transformation offre à l’industrie un terrain propice à l’innovation, permettant de créer de nouvelles textures, formes ou saveurs, parfois très éloignées des aliments d’origine, mais conçues pour séduire et fidéliser le consommateur.

Les effets métaboliques des AUT
Les aliments ultra-transformés ne sont pas seulement appauvris sur le plan nutritionnel, leur impact sur le métabolisme est bien plus profond. En raison de leur structure modifiée, ce que l’on appelle une matrice alimentaire dégradée, ils agissent différemment dans l’organisme. Leur texture tendre ou molle nécessite peu de mastication, ce qui réduit les signaux de satiété. Par ailleurs, les sucres et les graisses qu’ils contiennent sont absorbés plus rapidement, entraînant des pics glycémiques élevés et des perturbations hormonales, notamment au niveau de l’insuline et de la leptine, deux hormones clés dans la régulation de la faim et du stockage des graisses. À long terme, ces mécanismes peuvent favoriser la surconsommation, déséquilibrer l’appétit, et contribuer à l’augmentation du tissu adipeux.
Zoom sur les sucres cachés
Les étiquettes alimentaires ne révèlent pas toujours clairement la quantité réelle de sucre contenue dans un produit. On pourrait alors penser qu’il en contient peu, voire pas du tout. Pourtant, le sucre se cache souvent derrière des noms moins connus du grand public : sirop de glucose-fructose, maltodextrine, dextrose, sucre inverti, sirop de maïs, jus de fruits concentré… Tous désignent en réalité des formes de sucre ajouté, parfois en grande quantité. Certains sont même plus nocifs que le sucre blanc, car ils provoquent des pics de glycémie, perturbent les signaux naturels de faim et de satiété, et sont parfois mal assimilés par l’organisme, surtout lorsqu’ils sont issus de procédés industriels.
Les édulcorants, utilisés comme substituts sans calories, ne sont pas sans danger non plus. Des études montrent qu’ils peuvent déséquilibrer le métabolisme, nuire à la flore intestinale et entretenir l’attirance pour le goût sucré, rendant plus difficile le contrôle naturel de l’appétit. En résumé, qu’il s’agisse de sucres cachés ou d’édulcorants, le goût sucré est omniprésent dans les produits ultra-transformés, souvent au détriment de notre santé.

Zoom sur les graisses
Les produits industriels ne posent pas seulement problème à cause du sucre : les graisses qu’ils contiennent sont aussi à surveiller de près. On y trouve souvent des huiles de mauvaise qualité, comme l’huile de palme ou des huiles végétales hydrogénées, choisies pour leur faible coût et leur longue durée de conservation. Ces graisses, souvent transformées, peuvent contenir des acides gras saturés ou trans, connus pour favoriser les maladies cardiovasculaires, l’inflammation et le déséquilibre du cholestérol. Le problème est aggravé par le fait qu’elles sont souvent dissimulées sous des appellations peu parlantes pour le consommateur, comme huiles végétales, graisse végétale ou encore huiles hydrogénées. Présentes dans de nombreux produits sucrés ou salés (biscuits, plats préparés, viennoiseries…), ces graisses contribuent à une consommation excessive de lipides peu favorables à la santé.
Des carences nutritionnelles fréquentes
Les aliments ultra-transformés sont souvent pauvres en micronutriments essentiels, comme les vitamines, les minéraux et les antioxydants. Cette carence s’explique par l’usage d’ingrédients raffinés et le traitement intensif des aliments, qui détruit une grande partie de leur valeur nutritionnelle. À long terme, une alimentation riche en produits ultra-transformés peut conduire à des déficits en fer, en magnésium, en vitamine D ou encore en vitamine B9, provoquant fatigue, troubles immunitaires, troubles cognitifs ou encore déséquilibres hormonaux. Ces déficiences, souvent discrètes au départ, peuvent avoir des conséquences durables sur le bon fonctionnement de l’organisme.

Que valent le Nutri-Score et les applications de notation ?
Le Nutri-Score, progressivement adopté en Suisse, peut être un outil utile pour comparer des produits appartenant à une même catégorie (par exemple, deux types de céréales ou de plats préparés). Il classe les aliments de A (meilleur) à E (moins bon) selon leur profil nutritionnel, en tenant compte des fibres, du sucre, du sel ou des graisses. Mais il présente une limite importante : il ne prend pas en compte le degré de transformation. Ainsi, un produit ultra-transformé peut obtenir un bon score malgré une qualité nutritionnelle trompeuse. De même, les applications comme Yuka ou Open Food Facts peuvent être une aide à l’achat, mais leurs algorithmes ne sont pas toujours transparents, et les critères utilisés varient. Elles peuvent sous-estimer certains additifs ou ne pas pénaliser suffisamment l’ultra-transformation. Ces outils doivent donc être vus comme des repères, mais non comme des juges absolus de la qualité d’un aliment.
Reprendre le pouvoir sur son assiette
Mieux manger, ce n’est pas une question de perfection, mais de conscience. En faisant des choix plus éclairés, en privilégiant les aliments bruts et en limitant les produits ultra-transformés, chacun peut retrouver un équilibre durable. Envie d’y voir plus clair ? Je propose des ateliers de lecture d’étiquettes pour apprendre à repérer ce qui se cache vraiment dans nos aliments. N’hésitez pas à me contacter !